Crois en toi-même et en tout ce que tu es. Sache qu’il y a des choses à l’intérieur de toi qui sont plus grandes que n’importe quel obstacle. (Christian Larson)

J’ai ouvert un paquet de biscuits et à ma plus grande surprise j’ai lu sur l’emballage, que le carton intérieur était bio, issu de forêts gérées durablement (même que ça ne veut rien dire !) et qu’il n’était pas blanchi pour limiter les traitements chimiques…
A part ça, les biscuits ont de l’acide tartrique, du carbonate acide d’ammonium ainsi que du sodium de je ne sais plus quoi, et j’en passe. Ils sont sans matière grasse hydrogénée ni huile de palme ! N’importe quoi !
Le tout c’est de savoir que le goût est inimitable comme dit le papier…
Je suis souvent sidérée de voir ce qu’on peut ingurgiter et je n’ai pas encore trouvé de solutions pour trouver de l’acceptable. Même les produits dits bio, je n’y crois pas. Il suffit que le champ d’à côté soit traité aux pesticides pour qu’à la moindre rafale de vent, il en profite pleinement. Je crois que c’est plutôt une mode. On paye les produits bien plus chers mais finalement rien ne dit que c’est vraiment mieux. En tout cas, je n’ai toujours rien trouvé qui puisse me convaincre d’approuver ce label…

Pour l’instant, tout ce que j’ai trouvé de naturel, c’est ce que tu fais pousser toi-même. Le goût est vraiment différent de celui du magasin et « y a pas photos » question engrais, pesticides et autres. Mais j’habite non seulement en ville, mais en plus au 15ème étage. Ce n’est pas facile, de faire un potager à la maison. D’autant plus que je n’ai pas vraiment la main verte et que j’oublie souvent d’arroser mes plantes…

En parlant de ça, j’arrête un moment d’écrire pour aller faire mes condoléances au basilic qui doit être en train de mourir de soif !
Voilà.
Je peux donner des nouvelles du basilic : Il s’est répandu sur la table, et s’il n’est pas encore mort de soif, c’est pour bientôt. Je lui ai donné un demi-verre d’eau, mais je crains que cela ne suffise pas… Pourtant, il avait fière allure, ce basilic pourpre, lorsque je l’ai acheté ! Oui, vous avez bien lu, c’est du basilic pourpre. Il y en a vraiment beaucoup de sortes : avec des grandes feuilles, des petites, de teintes différentes et de goûts, aussi. Celui-là est un peu plus poivré que les autres. Chaque année, j’en rachète depuis qu’on m’avait demandé d’aller en cueillir dans un jardin chez des amis et que je ne l’avais pas trouvé. Je ne cherchais pas cette couleur, il faut dire ! Mais on n’en trouve pas de partout et surtout pas longtemps.

Le monde appartient aux optimistes, les pessimistes ne sont que des spectateurs. (François Guizot)

C’est l’été !!
Ma saison préférée commence. On peut dire que l’été s’est installé. On essaie de faire des courants d’air mais ça ne suffit pas. A partir de 30° je me mouille les cheveux si je dois sortir, histoire de garder un peu de fraîcheur avec moi. Je ne les sèche presque pas. S’il y a des gouttes qui tombent sur mes habits, ben tant mieux. Ce n’est vraiment pas gênant ! Au contraire… Dans le frigo on ne tient pas (l’aération n’est pas au top) et la maison à la montagne, on y a renoncé bien que ce soit plus frais là-bas. C’est trop loin, trop fatigant pour y aller et puis de toutes façons, il n’y en a pas, de maison à la montagne !! La chaleur est vraiment violente et on profite du matin ou du soir pour bouger un peu. L’après-midi, on ressemble plus à des larves qu’à des humains mais comme on met des lunettes de soleil (et que ça atténue la vision quand même), on ne s’en aperçoit presque pas !!
Le moral lui, profite bien des 30° (avec courant d’air et lunettes de soleil). Il semble augmenter en même temps que la température. Comme il se trouve dans un environnement où il ne trouve aucune résistance, il règne en maître.  On peut dire que pratiquement toute ma vie, cette date a été vraiment un synonyme de « grand sourire » pour moi. Sauf peut-être les deux ou trois premières années où je me contentais d’agiter les doigts de pied avec application dans mon berceau. Là, je ne peux pas dire que c’était précisément le 21 où je commençais à jubiler. Je ne savais pas compter alors… L’été ça ne voulait rien dire, même si j’appréciais déjà la douce chaleur qui accompagne inévitablement cette saison. Je dis « douce » mais je n’en pense pas moins. Qui dit qu’à Marseille, on exagère toujours ??
La fête du quartier a été annulée  faute de subventions. Une pétition a circulé pour protester contre cet état de fait. J’ai reçu une invitation à aller voir un spectacle de rue. Mais en arrivant au lieu dit, la place vide résonnait des aboiements d’un chien.  Un léger vent tentait vainement de rafraîchir les quelques touristes installés sur les bancs, mais les comédiens devaient être ailleurs. Le soleil dardait implacablement de ses rayons un sol où personne ne se risquait. J’ai donc décidé de rentrer en passant par la rue principale du quartier qui est à l’ombre. De nombreuses boutiques où sont proposées toutes sortes d’objets pour touristes sont ouvertes. Je ne pensais pas en trouver autant ! C’est vrai que le quartier devient un lieu incontournable pour qui veut visiter la ville. C’est vrai aussi que ceux qui viennent sont de plus en plus nombreux. Lorsque je vais faire mes courses, j’essaie toujours de deviner la langue de ceux qui s’interpellent dans la rue et où les r roulés côtoient des mots incompréhensibles. C’est presque devenu un rituel, pour moi tellement il est fréquent. Mais je ne m’attendais pas à trouver les produits et l’ambiance que l’on retrouve sur toute la côte et qui finalement ne sont plus vraiment le reflet d’un lieu mais plutôt le reflet de ce qui se vend le mieux !

Celui qui est le maître de lui-même est plus grand que celui qui est le maître du monde. (Bouddha)

J’ai peur de ne pas y arriver, j’ai peur de vous décevoir, j’ai peur de …

La peur, c’est bénéfique si ça déclenche une réaction qui déculpe les capacités qu’on a à faire quelque chose pour atteindre un résultat que l’on ne pensait pas possible même dans nos rêves les plus fous. Mais la peur c’est aussi un sentiment qui nous paralyse et nous empêche de réaliser les actions les plus simples comme parler ou marcher, par exemple. Elle peut détruire tout espoir de pouvoir un jour réussir. Il ne faut pas la laisser s’installer. Dès qu’on l’a repérée, il faut agir et la combattre.

Pour ma part, j’essaye même de l’endiguer avant qu’elle ne puisse m’envahir. On m’a souvent reproché d’imaginer les pires scénarios catastrophe face à une situation donnée. Mais cela ne me traumatise pas plus que ça ! A chaque fois, j’imagine comment je réagirais s’il se passait ceci ou cela et qu’est-ce que l’horreur que je vois peut m’apporter de bien. Toutes ces suppositions me permettent d’apprivoiser le pire et de me faire à l’idée d’un échec. Lorsque l’instant T arrive, j’ai déjà plein de réponses agréables à des éventualités qui pourraient se produire. S’il s’en produit une que je n’avais pas imaginée, généralement j’utilise les réponses que j’avais rêvées et je les adapte en fonction de la situation.

Quoi que tu rêves d’entreprendre, commence-le. L’audace a du génie, du pouvoir, de la magie. (Goethe)

J’attends avec impatience le mois d’août et les gens qui se plaignent amèrement d’un temps trop chaud, de l’air irrespirable tellement il est ensoleillé, des questions qui expriment le regret de l’hiver si lointain…

Moi, c’est ma saison préférée, l’été. Alors ce genre de commentaires, je les évite. En hiver, je ne sors pas volontiers dehors. On dirait que le froid rend ma porte plus lourde à ouvrir et même si je vais acheter le café ou les fruits, je suis contente lorsque je rentre enfin. Aujourd’hui, un petit vent frais semblait repousser la chaleur à coup de souffles irréguliers. Il semblait dire que le combat entre le gel et la chaleur torride n’était pas encore fini et que là, il en profitait bien. C’est vrai que ce n’est pas encore pour tout de suite, la canicule…

J’essaie au mieux d’allier l’utile à l’agréable en utilisant le four lorsque je cuisine. Ainsi, une douce chaleur se répand dans la pièce lorsque je m’en sers et les plats préparés répandent une douce saveur à mes papilles étonnées. Donc je recommence. Et je me régale.

Mais ne croyez pas que je me calfeutre chez moi tout le temps ! Hier, le soleil diffusait une bonne chaleur laissant envisager une arrivée prochaine de l’été. Je suis allée cueillir des fleurs.

Le parfum du bouquet de genêts s’est mêlé à celui de l’hachis parmentier que je sortais du four. J’ai revu la petite route de la Sainte Victoire surgir. Mais comment s’appelait ce village, déjà ? J’ai oublié le nom ! De toute façon, si je vous le disais je suis sûre que vous me diriez ; « hein ?? ». Un village où à l’entrée, il y avait un tournant de chez tournant avec un panneau qui le précisait (au cas où vous seriez distrait, en conduisant). Non, c’était vraiment bien.

En rentrant, j’ai agencé artistiquement la gerbe qui trône sur la table et parfume tout l’appartement. Même le repas de midi ! Les fleurs roses avaient vraiment l’air fatiguées en arrivant. Je les ai fait tremper dans l’eau et hop, c’est reparti pour un tour ! Le genêt règne dans un beau vase d’où il diffuse son empreinte. Moi, je bade devant et je gobe quelques mouches au passage (non, je rigole). C’est juste pour dire que je l’admire et que du coup, je ne regarde même plus par la fenêtre ! C’est assez rare, je dois dire.

C’est bien gentil de m’extasier ainsi, mais j’ai un mystère à résoudre, moi. Ce soir, je vais faire ou plutôt réchauffer un gratin au thon. Un plat que j’ai préparé il y a deux jours et dont les restes feront un bon repas. Dans les condiments utilisés il y avait de l’ail. Ce dernier n’a pas supporté l’attente et il est devenu vert. Pas vert fluo, non juste vert indien.  Ayant trop regardé la télévision, je vais emprunter le personnage de Colombo (le célèbre inspecteur) pour mener l’enquête et pour déterminer avec précision si on peut encore manger ce plat, si le vert est synonyme de pourriture (bien que je n’aie rien senti), si je trouve une explication au mystère d’une moisissure qui ne sent rien et d’un plat qui est joli à regarder. C’est original, ces points verts qui le parsèment ! Reste à voir s’il est comestible…

Mais où est passé mon imperméable beige ?

Qui sait se contenter est riche.

Lorsque la cafetière a commencé à chanter, l’odeur du café s’est répandue dans toute la pièce. Un moment de pur bonheur, celui de l’olfaction de cet arôme exquis. J’ai fermé les yeux un instant et j’ai revu un petit matin qui sentait aussi bon, à bord d’un bateau où j’avais dormi. Un matin qui riait des mots prononcés et souriait à ceux qui étaient tus. Et puis pêle-mêle, se sont superposées des images de personnes tenant une tasse de ce nectar au travail, à la montagne, à la maison ou ailleurs encore. Des gens qui me parlaient, qui riaient ou qui gravement, regardaient le temps qui passe et qui s’en va dès qu’on le vit un peu !
En conclusion, je peux dire que j’ai bu un café en compagnie de nombreuses personnes qui n’étaient pas là et dans des situations vraiment différentes. Un café un peu spécial…

Quel est le libellé de la phrase, exactement ? Lagardère ? Il paraît que s’il ne vient pas à toi, c’est toi qui dois aller le chercher. J’ai remplacé spectacle, par Lagardère (ou plutôt le contraire) et je suis allée me promener dans les jardins du Fort St Jean. Une matinée un peu spéciale, assortie au café …
C’est le printemps, en ce moment et les plantes rivalisent de subterfuges les plus divers pour se faire admirer. Le parc commence avec un camaïeu de verts qui va du vert clair au vert foncé en passant par le vert-jaune et même une touche de bleu-vert et j’en passe. Parfois une fleur éclate de couleurs au milieu et son orangé ou son rouge contraste avec la peinture des feuilles brillantes que reflète un soleil encore plaisant. Plus loin, la végétation se chamaille à coup de parfums et sillonne le parcours du chemin qui traverse le jardin de leurs fumets délectables.

C’est le printemps et même s’il pleut, je ne fais pas la gueule mais je ris de bon coeur.

J’avais un parapluie qui réussissait à me faire aimer la pluie. Du coup, lorsque le ciel était gris je n’avais pas spécialement cette humeur maussade habituelle en cas de mauvais temps, mais une sorte d’impatience à contempler mon ombrelle. Noir et tachetée de gouttes blanches, celles-ci se coloraient en rouge, bleu ou jaune dès qu’elles étaient touchées par l’eau. J’avais même utilisé l’eau du robinet de la salle de bains pour contempler les couleurs de l’arc-en-ciel, un jour où le soleil brillait !
Et puis, il s’est cassé. J’avais fait très attention à ne pas l’abîmer à cause d’un coup de vent (en sortant il est traître) mais je n’ai rien pu faire contre les méfaits du temps. Une baleine a plongé dans les limbes de la vétusté et l’a brisé. Du coup, mon parapluie avait un air penché et finalement c’est la poubelle qui l’a accueilli.

La musique de l’âme peut être entendue par l’univers. (Lao Tseu )

Pff…

En ouvrant les volets, j’ai vu que le mistral s’était encore levé cette nuit. L’été qui venait juste de s’installer a dû lui laisser le passage lorsqu’il a déboulé dans les rues où il se déplace avec un acharnement glacé. Moi qui apprécie la chaleur, je commençais à « mieux respirer » en me prélassant au soleil. Mais là, j’ai la « chance » d’habiter tout près de la rue la plus froide de la ville lorsqu’il y a du vent et justement c’est là que se trouve le magasin où je suis allée acheter la pâte feuilletée pour faire un chausson aux pommes pour ce soir. J’ai appris dernièrement, que certaines avenues ont été construite avec beaucoup de tournants pour contrer les rafales, éviter qu’elles ne se renforcent avec la distance. Mais ici, non. La rue est droite, le vent est roi, le froid est intense !

Seuls les touristes ne semblent pas gênés par Eole. Ils ne resteront pas longtemps, de toute façon et là d’où ils viennent, il y n’y a généralement pas autant de soleil qu’ici. Ce dernier leur permet de briller quand même et ils sont de plus en plus nombreux à en profiter.

Ce matin, j’ai croisé une famille dont la grand-mère donnait la main à une petite fille qui faisait un caprice en réclamant qu’on la porte. Mais personne ne voulait l’écouter et les rafales la poussaient sans cesse, ce qu’elle n’appréciait pas vraiment. La vieille dame lui a expliqué que c’était pour sécher les cheveux de mamie qu’il y avait tant de vent. Une sorte de sèche-cheveux local qui profite à tout le monde. D’ailleurs tous les gens qu’elle croisait avaient la chevelure un peu humide, si elle regardait bien. Ils venaient juste de passer sous l’eau…

Un peu plus loin, un père conduisait son enfant dans une poussette en râlant contre le sous-équipement de la ville. Il disait qu’il ne voudrait absolument pas être handicapé ici, vu les conditions imposées. J’ai failli lui demander s’il aurait voulu être dans un fauteuil roulant si les circonstances étaient plus favorables, mieux adaptées et puis je n’ai pas osé…

En attendant à la caisse, la femme devant moi a demandé ce qu’on pouvait lui conseiller pour décaper le sol qui était devenu terne. Ali Baba lui a conseillé d’utiliser l’acide. Il a dit que c’était à usage unique. Après, il n’y aurait plus de sol. Et il a ri…

Le vent souffle, le froid ne s’en va pas vraiment malgré quelques faux-semblants mais ça ne me gêne pas trop de sortir et d’affronter tout ça. C’est important de rire.

Le succès, c’est tomber sept fois, se relever huit. (Proverbe japonais)

Accoudée à la balustrade, j’observais le pointu entrant dans le port. Ces petits bateaux de pêche reconnaissables à la nuée de mouettes qui volent autours le matin surtout. Les jumelles m’ont permis de mieux voir les oiseaux qui sortaient de la mer avec un poisson jeté par-dessus bord par un marin qui triait ses filets. Des animaux invendables car trop abîmés ou dédaignés par le consommateur.

L’embarcation se dirigeait vers le marché aux poissons, tout au fond du port. Avant de devenir un théâtre, il fallait aller à la criée pour profiter de la comédie de la vente. Je parle d’une représentation car c’est là qu’on se montre, que les apparences sont exacerbées, qu’on s’interpelle, qu’on rit ou qu’on se raconte, le tout avec une gouaille typiquement locale. Enfant, j’y avais accompagné ma mère qui faisait découvrir le marché aux poissons à une amie lyonnaise. Lorsqu’une poissonnière l’avait interpellée en lui demandant ce qu’elle désirait, surprise elle avait répondu avec la première idée qui lui était passée par la tête. Mais à Lyon, on a des rivières et un fleuve mais pas la mer. C’est de l’eau douce. Elle a demandé une truite au grand dam de la vendeuse qui a alerté tout le monde de ses cris (et ils étaient aussi exagérés que le Mistral lorsqu’il se déchaîne) car elle croyait qu’on se moquait d’elle !

Sur ce marché on peut y rencontrer des personnalités côtoyant des ménagères ou des touristes. La tchatche est la reine des lieux et le jeu est de trouver la réponse qui fera rire le plus rapidement possible. En parlant fort, on aura un public plus nombreux, bien sûr. Le comique des réparties est un divertissement que j’apprécie au plus haut point et lorsqu’il m’arrive d’aller là-bas, je marche lentement et je scrute la marchandise offerte aux yeux de ceux qui vont acheter pour entendre les histoires, les mots et les rires échangés. Généralement je change d’étal lorsqu’on m’interpelle avec l’inévitable : « alors ma belle, qu’est-ce que vous voulez ? »

Trop souvent confondue avec le commérage ou les potins, la tchatche à Marseille a une fonction très importante dans la vie de tous les jours. Elle est, artistiquement parlant, assez difficile à maîtriser. Les sujets les plus importants de la vie sont traités avec humour, rêve et poésie afin de les désacraliser, pour permettre à chacun de pouvoir les apprivoiser. Par exemple, je vais vous parler de thématiques abordées tout en choisissant une sardine une femme parlait du mensonge avec la vendeuse en disant qu’elle était allée au tribunal et qu’on lui a fait jurer de dire toute la vérité, rien que la vérité. Elle ne savait pas trop ce que ça voulait dire, la vérité. Par contre elle savait bien qu’on peut être aussi menteur qu’un soutien-gorge ! Une autre racontait les vacances de Parisiens venus profiter des bienfaits de la mer. Ils avaient rougi comme des écrevisses sous les rayons implacables du soleil dont ils ne s’étaient pas méfiés. En conclusion, elle disait que c’est quelque chose qui peut arriver à tout le monde, un coup de soleil. Elle-même en avait attrapé un derrière les oreilles. Elle poursuivait en disant qu’il y en a qui ne se rendent pas compte de leur ignorance (comme ces touristes qui ne font pas assez attention à l’astre roi) et d’autres qui n’entendent rien. Mais les deux attitudes ont le même résultat : on se brûle ! Elle avait employé l’expression « ça peut arriver à tout le monde » pour dire qu’il ne fallait pas être définitif dans le jugement et qu’il fallait tenir compte que si certains étaient vraiment bêtes (ici par ignorance), soi-même on n’était jamais à l’abri d’une erreur.

La tchatche a aussi une fonction esthétique : En partant d’un exemple insignifiant, on peut raconter une expérience unique, comme ces deux petits vieux qui en parlant du Mistral qui soufflait aussi fort que criait la marchande vexée par la lyonnaise, se sont mis à raconter leur souvenirs du Cap Horn, quand engagés sur le même bateau, ils ont eu la tempête à affronter. Le récit, entrecoupé de « tu te rappelles ? » m’a coupé le souffle, surtout quand une rafale de vent a tellement fait pencher le bateau qu’on avait cru la dernière heure arrivée…

On ne jouit bien que de ce qu’on partage. (Madame de Genlis)

L’été s’installe doucement. On peut dire qu’il fait beau. Il y a eu juste une rafale ce matin, histoire de rappeler que la saison chaude n’est pas encore définitivement ancrée dans le paysage. Le vent s’est engouffré dans la courette. Dans l’immeuble où j’habite, il y a une courette entre les salles de bains et les cuisines où se trouvent les tuyaux d’évacuation entre autres et où les plombiers peuvent avoir accès aux salles d’eau en cas de travaux importants, par exemple. Ils vont à la cave et de là, ils peuvent remonter les quinze étages jusqu’au toit. Mais c’est assez rare qu’il y ait quelqu’un, là dedans. Aujourd’hui il y a le vent. Il hurle son désespoir de ne plus retrouver la sortie et ses braillements lugubres me feraient penser à un château hanté, si c’était le soir. Ses cris résonnent dans les interstices des grilles de protection qui font une sorte d’aération pour la cuisine. Il y a un moment, qu’il est perdu. Il a du descendre jusqu’au rez-de-chaussée et là il est de nouveau de retour. On l’entend mieux…

La logique vous conduira d’un point A à un point B, l’imagination et l’audace vous conduiront où vous désirez. (Albert Einstein)

J’adore aller me promener dans la colline et ramasser du thym que je fais sécher puis que j’utilise. Là, j’en avais qui attendait dans le sac en tissu pendu à la cuisine et finalement je l’ai mis en boîte, prêt à l’emploi. Une année, je n’avais pas respecté le temps obligatoire qui précède son rangement, et ô surprise, lorsque j’ai voulu l’utiliser, on ne voyait même plus la plante dans le pot tellement il y avait de moisissure qui avait proliféré ! Là, je l’ai jouée avec prudence. J’ai attendu au moins dix mois…

Et voilà. Le quotidien pointe son nez. L’ordre c’est tous les jours.

Bien sûr le thym non. Je ne l’avais pas touché depuis tellement de temps… C’est fou, dès qu’on ne surveille pas le rangement ambiant, il y a tout de suite une révolution et on se retrouve rapidement dans une pièce où on peut difficilement marcher tellement il y a de choses au milieu ! Rien qu’à cette idée, j’ai levé les yeux au ciel. Mais j’étais devant la fenêtre. En les rabaissant, j’ai admiré la régate qui semblait danser sur les vagues de la baie. Les couleurs multiples des voiles m’ont enivrée de pensées nuancées et l’odeur tenace de la plante m’a transportée dans les collines. La morosité de l’habituel a fondu de tonalités et de parfums.

Ensuite, j’ai mis une belle étiquette à mon pot pour ne pas hésiter sur la teneur du contenu la prochaine fois que je voudrais l’utiliser et j’ai pris une branche de bambou, cueillie elle aussi lors de ma dernière promenade, pour faire un tuteur à mon basilic. Ce dernier semble irrémédiablement attiré par la table où il est posé et penche de plus en plus afin de pouvoir l’atteindre. J’ai une boîte à bonbons où il est écrit dessus « non gourmand s’abstenir » remplie de bêtises de Cambrais aujourd’hui. Pendant que je faisais laborieusement le nœud qui devrait faire tenir la plante droite, je savourais cette saveur de framboise et de sucre de Cambrais.

Après, j’ai épluché les pommes pour les faire cuire. Ce soir, je veux faire de la compote pour le dessert. Un peu de cannelle, très peu de sucre, de l’eau au fond de la casserole et c’est prêt en un quart d’heure.  J’ai même ajouté un demi-citron car il semblait s’ennuyer ferme dans le frigo. Mon imagination lui a même accordé le droit de demander à être cuit avec les fruits. Mais ce doit être une conséquence des voiles colorées et des pensées aussi : Depuis quand, les citrons parlent ?

L’autre question que je me pose, c’est pourquoi l’arôme des pommes est si entêtant alors que j’écris ces lignes dans une pièce ma foi assez éloignée de la cuisine ? Je vais aller voir si c’est normal et baisser le feu, au cas. Je ne voudrais pas que l’odeur amère du cramé remplace ce doux parfum…

Vous ne pouvez choisir ni comment mourir, ni quand. Mais vous pouvez décider de comment vous allez vivre. Maintenant. (Joan Baez)

J’adore regarder les bateaux qui viennent de loin et qui entrent dans le port majestueusement. J’imagine les passagers à bord et j’invente leurs histoires. Là, c’est un ferrie qui est arrivé d’Algérie d’un air majestueux contrastant avec l’état pitoyable du navire. Un petit remorqueur le suivait et semblait vouloir le dépasser sans jamais y parvenir, car il naviguait bien au milieu de la passe. A mieux regarder, j’ai vu qu’une longue corde reliait les deux bateaux et que ce dernier ne voulait pas dépasser mais qu’il était là pour aider aux manœuvres d’accostage en retenant la poupe lors de l’arrimage au quai.

Lorsqu’un navire arrive, c’est le capitaine généralement qui demande de l’aide pour mieux se diriger lorsqu’il arrive au quai. Le vent s’est calmé depuis hier, mais je constate qu’il n’y a pas trop de différences entre la façon de travailler pour ceux qui sont responsable du tunnel sous le port, et ceux qui sont responsables des bateaux qui arrivent. Je m’explique. Lorsqu’il pleut, on peut lire 24 heures après sur le panneau lumineux « attention chaussée humide », même si le soleil brille fortement. Je vois que si le vent a soufflé un peu fort, les remorqueurs sont de « sortie » même par temps calme ! Je soupçonne une histoire de racisme, en plus. Seuls les bateaux provenant du Magreb en sont affublés…

On me dit que je « galège », comme on dit ici pour me dire que je calomnie.

C’est vrai que j’ai tendance à voir dans tout événement qui se présente, les malfaçons qu’il peut y avoir et les possibilités de rétablir la situation à mon avantage. Après ça, je suis tranquille. Je n’y pense plus, généralement mais si la situation demande à être rectifiée, j’ai déjà pensé à une solution qui me convenait et je l’applique sans me prendre la tête exagérément.

Dans cet exemple précis, je ne peux pas affirmer que c’est une magouille. Le vent peut être très fort même dans le port. Le « Napoléon », un ferrie qui faisait le trajet jusqu’en Corse régulièrement l’a constaté à ses dépens lorsqu’une rafale violente l’a projeté contre le quai et que la coque a été déchirée sur plusieurs mètres. La suite a été une longue galère qui s’est terminée avec la vie du bateau…